Jeunes en librairie 2025 : découverte des métiers de la reliure / dorure
Jeudi 30 janvier, les élèves de 4G, accompagnés par Mmes Sauze et Robin, se sont rendus à l'atelier de reliure de Philippe Jansana et Steve Servaes à quelques pas du collège.
Steve a expliqué ce qu'était le métier de relieur, son parcours professionnel et sa formation. Dans son cas, il s'agissait d'une reconversion professionnelle car il travaillait auparavant dans une grosse imprimerie industrielle. A 30 ans, il a eu envie de faire autre chose... de travailler des matières nobles comme le cuir et la toile, le papier marbré. Il a commencé une formation de relieur en préparant le CAP.
Sa rencontre avec Philippe Jansana, relieur depuis 40 ans, leur a permis de mutualiser le matériel (qui coûte très cher même d'occasion) et de travailler dans le même atelier. Chacun a son style, sa spécialité (Philippe a appris la dorure à Steve). Steve est passionné de jeux de rôles (il est maître du jeu), participe à des conventions et anime des ateliers d'écriture. Ses univers imaginaires fétiches sont le fantastique, la science-fiction et la fantasy.
L'atelier travaille avec les services publics, les mairies par exemple, car l'Etat oblige certains de ses services à conserver et archiver certains documents (délibérations, registres civils...). Dans ce cas, les feuilles volantes sont assemblées à l'aide d'une machine à coudre (sorte de surjet en zigzag) et une couverture est ensuite construite.
L'atelier propose également des stages d'une semaine pour apprendre à relier un livre, de A à Z.
Les grandes étapes en images :
Le débrochage du livre (on éclate la couverture pour conserver les feuillets) :
A l'aide d'un cousoir et d'une aiguille, on réassemble les feuillets de façon parfaitement alignée et on coud côté dos les pages du livre. Des rubans sont également cousus avec l'ensemble : ils assureront la solidité du livre.
S'il le faut les pages du livre peuvent être recoupées à l'aide d'un massicot (machine dotée d'une lame tranchante qui permet de découper d'importantes épaisseurs de papier).
On encolle une gaze (toile de coton très fine) sur le dos du livre cousu.
On arrondit le dos du livre (endossure) dans une presse afin que la couverture s'emboîte parfaitement, sans surépaisseur. On met l'ouvrage sous presse :
On ajoute un cartonnage pour la couverture (recto et verso) et une bande cartonnée sur le dos du livre (cette bande non collée, permet l'articulation du livre à l'ouverture). On ponce ensuite ce cartonnage pour qu'il soit parfaitement lisse et aminci.
Les embellisseurs viennent parfaire l'ensemble ; un signet (ruban) pour marquer les pages et les tranchefiles en tissu (galons).
Le cartonnage est recouvert de toile ou de cuir, c'est l'habillage. Steve nous a proposé un quiz pour deviner à quel animal appartenait certaines peaux : lézard, python, saumon, autruche, raie... On petit également utiliser des toiles de tissu, du parchemin ou un cuir veggie (plastique).
Petit quiz pour deviner à qui appartient telle peau...
Chaque peau présente un relief particulier. La toile peut être également utilisée : elle est plus abordable en prix. Steve nous a expliqué comment il choisissait la couleur, l'apparence du revêtement en fonction du livre à restaurer ; deux anciens ouvrages nous ont été présentés et il convient de respecter le style et l'époque du livre.
La couverture du livre est ensuite travaillée : on peut ajouter des nerfs (sortes de languettes en relief sur le dos du livre), des motifs plaqués sur la couverture (collés à chaud), des éléments de dorure, des coins de livre en métal... Les possibilités sont infinies. Steve a sorti quelques livres exceptionnels de sa collection pour nous les présenter...
Nous avons également assisté en direct à une démonstration de dorure à chaud. Le travail de dorure est minutieux ; il exige beaucoup d'outils et de matériaux et matériels onéreux (feuilles d'or, plaques pour les motifs...). En cas d'erreur, il est possible de rectifier une erreur, un lettrage à l'envers, un motif mal centré. La reliure est très technique et demande de la patience, de la force et du savoir-faire.
Quand le travail de la couverture est terminé, il ne reste "plus" qu'à procéder à l'habillage esthétique de l'intérieur du livre en choisissant des pages de garde couleurs (unies ou en papier marbré) et en les collant. L'occasion de présenter certains métiers d'art peu connus comme celui de marbreur. A l'aide d'encres d'imprimerie et de supports variés (papiers, cuirs...) le marbreur est un véritable artiste capable de créer des univers très particuliers. Un métier d'art qui exige des connaissances en chimie...
Steve a évoqué également un métier rare de la maroquinerie, le pareur. Celui-ci a pour mission ici d'amincir les cuirs bruts trop épais pour les transformer en peaux minces et souples aptes à recouvrir le cartonnage sans créer d'épaisseurs supplémentaires. Le pareur travaille dans le domaine de la maroquinerie.
Un ouvrage relié traversera le temps. Il est garanti plus de 100 ans !
Merci à Steve et Philippe de nous avoir ouvert les portes de leur atelier...